Sculpture : la mise au tombeau

Sculpture de l’embaumement de Jésus avant de le placer dans le tombeau

Selon la tradition chrétienne, après avoir été descendu de croix, Jésus a été déposé sur une croix pour être lavé et embaumé. Cette sculpture représente cette scène sur La Pierre de l’Onction, ou Pierre de l’Embaumement. Le corps de Jésus y est ensuite enveloppé dans le Saint-Suaire par Joseph d’Arimathie et Nicodème avant la Mise au tombeau.

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Luc 23,50-53

Alors arriva un membre du Conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste, qui n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le règne de Dieu. Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus. Puis il le descendit de la croix, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un tombeau taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé.

L’histoire de cette mise au tombeau

En 2018, un Nieppois a fait don à la ville d’une Mise au tombeau et a souhaité que l’œuvre soit placée dans l’église Saint-Martin. Le vœu a été respecté. La Mise au tombeau a été installée sur le mur nord du transept, dans la continuité du chemin de croix de Maurice Ringot, faisant redondance avec la dernière station. Le cadre réalisé par Maxime Heyman, menuisier nieppois retraité, souligne ce prolongement.

Dimanche 22 avril 2018, après l’office dominical, une petite manifestation a été organisée et la « Mise au tombeau » « officiellement » dévoilée. Enfin vendredi 29 juin 2018, monseigneur Ulrich, alors archevêque de Lille, en visite à Nieppe, s’est arrêté pour admirer cette sculpture qui accroit le patrimoine de la commune et enrichit l’édifice cultuel.

Il s’agit d’un bas-relief sculpté dans la masse sur un panneau de chêne d’un seul tenant (hauteur : 0,75 m, largeur : 0,96 m). On ne trouve aucune trace de polychromie. Trois côtés de l’encadrement sont manquants : le seul restant présente un décor de feuilles d’olivier.

Sur un fond uni, se détachent en haut, trois personnages parmi lesquels nous pouvons reconnaître saint-Jean, la Vierge et Marie-Madeleine, identifiable par le pot d’aromates qu’elle porte. Bien que figés dans la douleur, l’artiste a tenté de les individualiser (exemple : les encolures des vêtements) et de les animer notamment par la diversité des gestes.

Avec beaucoup de hardiesse, l’auteur nous présente le Christ mort comme si on le voyait d’en-haut, créant par là une profondeur inattendue. Joseph d’Arimathie à la tête du Christ, à gauche et Nicodème à ses pieds, à droite, tiennent le linceul. Ils sont surprenants, complètement maniéristes, tant par leurs costumes et leurs couvre-chefs qui en font des « Orientaux » que par leur attitude dansante en contrapposto : dans une statue, position debout au repos dans laquelle le poids du corps se reporte sur une seule jambe, libérant l’autre, qui est le plus souvent repliée cependant que l’épaule au-dessus de cette jambe remonte (hanchement contrarié).

Anita Oger-Leurent, conservateur des monuments historiques situe l’œuvre en provenance de Flandre et du XVIIe siècle. Les malheurs de la fin du Moyen-âge ont occasionné une multiplication des Piétas et Mises au tombeau en Europe occidentale. Cette profusion s’est tarie après le Concile de Trente. Mais dans nos régions, lors de la Contre-Réforme, qui est le mouvement par lequel l’Église catholique réagit, au cours du xvie siècle, face à la Réforme protestante. Le culte de la passion ressurgit notamment sous l’influence des capucins.

Ainsi, on peut dénombrer plus d’une vingtaine de Mises au tombeau – dans les églises de Flandre française,– le plus souvent, en bois, en ronde bosse qui est une technique de sculpture en trois dimensions de l’Antiquité  La sculpture en ronde-bosse est le plus souvent utilisée pour des représentations figuratives.

Notre panneau faisait-il partie d’un ensemble de stations d’un chemin de croix ? On aimerait connaître son histoire…

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